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“La connaissance progresse en intégrant en elle l'incertitude, non en l'exorcisant.” (Edgar MORIN)

Isabelle Matton • 15 novembre 2020
Dans cette période d'incertitude, certains d’entre vous ont-ils envisagé le temps partagé ?

Si je devais réécrire mon premier parcours professionnel, je crois que j’aurais aimé être RRH/DRH à temps partagé.
Certes, cela nécessite une gymnastique intellectuelle particulière pour s’adapter à chaque dirigeant, chaque entreprise, et une grande agilité (très chère aux ESN 😊) ; mais quel plaisir de pouvoir diversifier ses interlocuteurs hiérarchiques, son champ d’intervention et surtout l’activité des entreprises dans lesquelles nous travaillons !

Dans ce monde où il faut posséder une expérience du secteur de l’entreprise dans laquelle vous postulez, comment se débarrasser de l’étiquette qui vous colle depuis X années si vous voulez découvrir un nouveau monde ?

Comment prendre de nouvelles responsabilités et montrer que nous pouvons exceller dans un domaine que nous ne connaissons pas encore, quand on ne vous recrutera que parce que nous avons déjà géré et/ou été confronté à une des spécificités du poste ?
Je ne parlerai pas des entreprises que je n’ai pas convaincues et/ou séduites  (on ne peut pas plaire à tout le monde 😉), mais ma candidature a régulièrement été écartée parce que je n’avais pas expérimenté une des composantes du poste (ex : vous n’avez pas managé une assez grosse équipe ou vous n’avez pas été confronté à des IRP difficiles), m’interdisant d’accéder à entreprises  et des secteurs qui me motivaient énormément. Quel gâchis, vous ne pensez pas ?

Le marché du travail prend encore trop souvent en compte ce que nous avons déjà prouvé et non notre potentiel…Notre valeur est figée dans le présent, encapsulée. C’est d’ailleurs ce à quoi se confrontent quotidiennement les jeunes diplômés et les personnes venant de se réorienter professionnellement.

L’entreprenariat et le temps partagé vous permettent une vraie rencontre et de construire une vraie relation de confiance, car vous avez le permis de vous réinventer. Vous êtes la pièce du puzzle qui manquait, mais la forme de votre pièce est polymorphe. L’expérience que vous menez parallèlement dans chacune des entreprises, affute votre regard. Vous vous nourrissez de l’enseignement de chacun des chefs d’entreprise pour lesquels vous travaillez, et vous les enrichissez à votre tour de votre multipotence, de la multiplicité de vos missions, projets, savoir-faire et savoir-être. Un bon remède contre l’ennui et pour l’estime de soi 😊

La part d’incertitude qui existe dans le recrutement n’est pas nécessairement un risque d’échec, mais bien un moyen d’évoluer et de progresser ensemble.


(Illustration extraite du Livre d'Orianne Lallemand)

par Isabelle Matton 4 décembre 2019
En écoutant les propos d’O. Abossolo hier soir *, l’ambivalence amusante entre l’attachement vital des premiers mois de notre vie et la nécessité de pratiquer le détachement libérateur dans nos vies d’adulte, s’est imposée à moi. Nous avons tous en tête la théorie de J. Bowlby sur l’attachement ainsi que les (tristes) travaux de H.Harlow sur les bébés macaques rhésus. Selon Nicole Guedeney, dans la théorie de l’attachement, « «être attaché à quelqu’un» signifie seulement qu’en cas de détresse, on se tourne vers cette personne spécifique pour y trouver un sentiment de sécurité. L’attachement est donc une dimension très particulière des liens interpersonnels affectifs durables et importants entre deux personnes. Si les premières relations d’attachement se construisent entre le bébé et ceux qui l’élèvent, nous construisons des relations d’attachement tout au long de notre vie. ../..Dès le début de la vie, toute situation d’alarme ou de détresse à laquelle nous sommes exposés, active notre système d’attachement. » L’attachement, au-delà de sa contribution à la survie de l’enfant (protégé par l’adulte qui pratique le caregiving), permet de réguler son fonctionnement psychophysiologique (dont le stress), de développer la mentalisation et ses compétences personnelles. En tant que parents, nous répondons donc en fait aux intentions de comportement du bébé, que nous imaginons et interprétons. Le bébé va construire un modèle des autres et de soi, en situation de stress, grâce à nos réponses. Ce modèle (ces fameuses représentations mentales), nous l’utilisons aussi en tant qu’adultes. Nous interprétons les signaux que nous percevons, à travers le filtre de nos émotions, de nos croyances, de nos transmissions intergénérationnelles etc.. Certains de nos attachements aux personnes, à des biens matériels, à des valeurs, des principes, des idées, à ce que nous croyons être des besoins ou désirs qu’il est impératif de satisfaire, la plupart du temps, nous enferment. La peur du manque et d’insécurité nous poussent à conserver nos attachements qui nous limitent et nous empêchent d’être cohérents et authentiques, dans le présent, à l’écoute de nous-même et dans l’acceptation de ce qu’est l’autre. Pour paraphraser O. Abossolo, le détachement nous permet de prendre confiance en nous. Il nous libère de la pression du résultat (souvent - être aimé -). Il permet la liberté d’être soi-même, sans rien attendre de l’autre. "Le détachement ouvre tout le champ des possibles." Alors, qu’attendons-nous pour nous détacher ? * Soirée thématique du 03/12/2019 de Jocelyne Volaire et Olivier Abossolo. .
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